Et la ville, là-bas
si proche et si lointaine
est une terre inconnue
que l’on devine à peine
Elle dévale sept collines
que ses feux illuminent
et s’épanche, alanguie
au bout de rues crevées
et de larges avenues
en étirant ses quais
tout au long, tout au long
de ses berges d’ennui
où viennent s’endormir
les rêves citadins
et les espoirs marins.
et la ville là-bas
un type qui pourrait être
tout le monde, n’importe qui
ou encore personne
c’est bien de lui qu’il s’agit
la parcourt en tous sens
en traînant sur son dos
en toute indifférence
un énorme sac de mots
et la ville résonne
de ses cris de poète.
De l’autre côté du Tage
tu regardes et tu vois
la ville tout là-bas
derrière les volets sages
de la vieille bâtisse
au cœur de la vieille ville
tu regardes et tu vois
d’en haut, de tout là-haut
sur la mer qui scintille
qu’il y a des bateaux
qui arrivent du large
ils somnolent au mouillage
en attendant le jour de leur appareillage
et d’en haut, tout là-haut,
ton regard va très loin
par-delà la rivière
par-dessus les nuages
au-delà de la terre,
il traverse les mers
et là-bas, très au loin
tu vois
de mystérieux amers
d’énigmatiques sillages
de vastes et nouveaux paysages
et des terres étrangères.
Que t’a donc dit ton père,
petite fille si sage?
de quelles couleurs sont tes rêves
et quelles en sont les odeurs?
Derrière tes jolis yeux
ton sourire étincelle
qui redessine le ciel
où se prélassent les dieux
Petite fille au sourire d’enfant sage
tu regardes le Tage
et ses bateaux fourbus
il y a la rivière
ses deux rives éperdues
qui courent à la mer
qui ne se verront plus
elles s’éloignent à jamais
tu regardes l’autre rive
tu regardes l’autre ville
et l’on voit à tes cils
perler une goutte d’argent
Que donc t’ont dit tes parents?
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Texte : Christophe Sims
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Photos : Hervé Hette
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