La marche nocturne se termine au square Barye, à la pointe amont de l'île Saint-Louis, par une douce soirée d'été.
Oubliés tous ces visages cirés de sueur,
Sortis des noirs faubourgs où l'on entend son coeur.
Le Paris ogre disparaît dans la nuit sombre,
Loin des murmures et des embûches de l'ombre.
Sur l'île, la pierre ocre sort de son écrin,
Parée d'étranges noms sur le bord du chemin.
La lune, d'un rayon, vient de la réveiller,
Un moineau se pose à côté, tout égayé.
Ultime fanal, un bec de lumière est là,
Pour signaler aux marcheurs la fin de leurs pas.
A côté, un arbre bleu, lutteur solitaire,
Avec ses grands bras semble sortir de la terre.
Il n'arrive jamais à joindre les deux bouts,
Lui, dont le maigre corps est encore debout.
C'est un Prince noir, seul dans sa tente allongé,
A voir passer les gens d'un regard amusé.
Bref éclair, une robe tournoie dans l'instant,
Vite, elle fuit, après la grâce du moment.
La furtive passante a l'air d'une princesse,
Dans l'air parfumé du lilas chargé de liesse.
Un cygne blanc perce la voix du vent, bruit rauque,
La Seine, entre ses bras, charrie un son glauque.
Le grelot de l'enfant porté avec ses ailes,
Dans le frémissement des reflets irréels.
On avance. Et l'on court l'un vers l'autre, on s'étreint,
On oublie la mémoire de tous les chagrins.
Deux amoureux, blottis à la proue du bateau,
Entrelacent leurs promesses loin du chaos.
Croise tout proche un bateau-mouche illuminé,
Laissant au fleuve le repli d'un flot moiré.
Rires et voix fusent dans un gracieux festival,
Un frisson enroule les corps avant le bal.
Les lampions vibrent la nuit au gré des couleurs,
Une femme danse dans les tendres lueurs.
Jupes de soie, nos belles en tenue de soirée,
Se regardent dans l'attente d'un cavalier.
Volant nos caresses, une pie fuit les terres,
Traçant net dans le ciel l'horizon de la mer.
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Texte (Carnets poétiques ©mars 2021) et photos : Thierry Quintrie Lamothe
Récits/Reportages
l'ile saint Louis où fut brûlé vif en 1202 le chef des templiers
Grand merci pour votre partage.
Belle poésie!
j'aime paris, j'aime la poésie. Très belle découverte, pourtant je connaissais...
Merci de faire partie de la famille...
Un très texte à déguster sur les bords de la Seine!