S'évanouissent les façades pleines de suie
au Louxor s'affiche La Comtesse aux pieds nus
le buste à peine couvert d'un léger tissu
Ava Gardner franchit les portes de la nuit
Fébrile de fuir la craie blanche et son tableau
furtif regard sur un visage qui grelotte
yeux médusés frottés à la lueur pâlotte
le gamin s'est vite installé dans le métro
Vacarme d'enfer ! La rame sort du tunnel
file vers Pigalle signe ailé du désir
charriant la folle cargaison des plaisirs
enroulés dans des caves bourrés d'étincelles.
Elle est là. Toujours là. À attendre son heure
face au miroir que tend l'amour sur le pavé
au passant avide d'oublier sa journée
sans distinguer le migrant ou le voyageur
Le collégien avance, il s'arrête, il a froid
lève les yeux sur le film sorti du studio
"décide toi, veux-tu, Embrasse moi, idiot "
lèvres blèmes fermées sur un filet de voix
La femme s'évanouit. Il s'en faut de si peu
ne reste qu'un faible écho tendre dans le noir
vite disparu du côté de Rochechouart
dernier creuset où tout se fond au même feu
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Thierry Quintrie Lamothe
©juin 2022
*Embrasse-moi, idiot !
Film de Billy Wilder
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