
Ferme les yeux, puis
presse l'index sur tes paupières pour créer l'indispensable
brasillement de mimosa d'arrière-plan.
Patience :
attends l'éclaboussure stellaire,
l'éclatement de nova, au creux du noir des yeux rouverts
sur l'espace intérieur.
Ensuite, imagine un anneau,
un très grand anneau de fer ou d'acier - très grand - pas trop! - qui tourne en miroir de lui-même et s'enroule, et que tu parcours, les yeux clos, en marchant à tâtons.
Tu commences à l'intérieur du métal froid, que tu sens sous tes doigts – tu perçois même la saveur de fer sidéral tandis que tu marches sur le ruban.
Tu avances, pas à pas, et te retrouves plongé dans l'éclaboussement parfumé du mimosa de ton enfance – tes doigts égrènent la pelucheuse constellation de l'acacia dealbata qui te caresse aussi les joues et prononce à tes lèvres les mots muets du souvenir...
Tu continues d'avancer le long du ruban qui tourne sur lui-même, et hop - le métal glacé de la vie retourne bruissant comme une vague, tu continues...
Te voici pris dans le mouvement perpétuel de l’anneau d’éternité qui se trouve, dans mon musée imaginaire, sous le nom de Chillida.

Cierra los ojos, y
oprime tus párpados con el índice para crear el indispensable
centelleo de mimosa del plano posterior.
Paciencia:
espera
la salpicadura estelar,
el estallido de nova, el fondo de lo más oscuro los ojos que miran
hacia dentro.
Imagina luego un anillo,
un anillo muy grande de hierro o acero – muy grande – ¡no
tanto! - que gira como espejo de sí mismo y se enrolla, y
que recorres, con los ojos cerrados, avanzando a tientas.
Comienzas dentro del metal frío, que sientes
bajo tus dedos – sientes incluso el sabor de hierro sideral
mientras camina sobre la cinta.
Avanzas, paso a paso, y te ves sumido en la salpicadura
perfumada de la mimosa de tu infancia – tus
dedos desgranan la constelación felpuda de la acacia
dealbata que te acaricia también las mejillas y pronuncia en tus
labios las palabras mudas del recuerdo.
Sigues avanzando a lo largo de la cinta que gira
sobre sí misma, y ¡zas! –
el metal helado de la vida se voltea crujiendo como una
ola,
sigues…
Estás prisionero del movimiento perpetuo del anillo
de eternidad que se halla, en mi museo imaginario,
llamado Chillida.
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Le texte français est l’introduction au recueil L’Anneau de Chillida, publié en 2018 à l’Atelier du Grand Tétras – l’illustration de Sophie Brassart a servi de première de couverture à cette édition.
Le texte espagnol, encore inédit, est une traduction de William Navarrete - écrivain d'origine cubaine vivant en France.
Marilyne Bertoncini http://www.recoursaupoeme.fr https://twitter.com/marilynebp
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